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Macron est condamné alors que 77% des Français pensent que le président “échoue” en matière de migration

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La France a riposté en suspendant sa participation à un pacte de solidarité de l’UE pour accepter 3 000 personnes arrivées cette année en Italie et a envoyé des agents pour renforcer ses passages frontaliers sud et empêcher les migrants d’entrer.

Mais l’approche d’Emmanuel Macron face à la dernière crise ne parvient pas à convaincre les gens chez eux, 77% de la population estimant que le gouvernement “échoue” à contrôler l’immigration en France, selon un dernier sondage.

Un sondage de l’institut CSA pour CNEWS publié mercredi 23 novembre révèle qu’une majorité de Français pense que M. Macron est “en échec”.

A la question « Diriez-vous que le gouvernement réussit ou échoue à contrôler l’immigration en France », toutes les tranches d’âge ont opté pour la deuxième option.

Les Français âgés de 50 à 64 ans sont les plus susceptibles de partager cette vision de l’échec, avec 83 %. Une proportion similaire chez les 35 à 49 ans (79 %) mais plus faible chez les 25 à 34 ans (70 %).

Cependant, ce sont les 18-24 ans qui sont les moins catégoriques. Ici, 66% des jeunes interrogés pensent que le gouvernement “échoue” à contrôler l’immigration.

Vue de l'Ocean Viking arrivant à Marseille...

Une autre leçon de cette étude est que, quelle que soit la proximité politique des répondants, le jugement sur l’échec du gouvernement à contrôler l’immigration est partagé à droite comme à gauche de l’échiquier politique.

A droite, 100% de Reconquete ! les partisans estiment que le gouvernement “échoue” à contrôler l’immigration. Ils sont suivis par les électeurs du Rassemblement National (94 %) et des Républicains (92 %).

A gauche, cette considération est également largement partagée, quoique dans des proportions moindres. Aussi, 71% des sympathisants de La France Insoumise pensent que le gouvernement n’arrive pas à maîtriser l’immigration, tandis que 63% des sondés proches d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) sont du même avis.

A noter que le bilan est néanmoins plus mitigé chez les socialistes qui ne sont « que » 59 % à estimer que le gouvernement « échoue » dans sa maîtrise de l’immigration.

Enfin, le gouvernement est également désavoué par les propres partisans de Renaissance. En effet, 61% des sondés proches de la majorité estiment que le gouvernement n’est pas efficace dans son contrôle des flux migratoires.

Mercredi, de hauts responsables de l’Union européenne ont appelé les pays membres à mettre de côté leurs profondes divergences sur la migration et à poursuivre la refonte longtemps retardée du système d’asile du bloc des 27 nations.

Il y a deux ans, la branche exécutive de l’UE, la Commission européenne, a rendu public le dernier de plusieurs projets de réforme du système d’asile, un programme qui, selon elle, résoudrait les problèmes.

À défaut d’aller de l’avant avec ce plan de réforme détaillé, la vice-présidente de la Commission, Margaritis Schinas, a déclaré aux législateurs européens du Parlement européen à Strasbourg, en France, que c’est “comme avoir un parachute mais choisir de sauter de l’avion sans lui”.

Selon l’agence de garde-côtes de l’UE Frontex, environ 275 000 tentatives d’entrée en Europe sans autorisation ont été faites par des personnes au cours des 10 premiers mois de cette année, un record en six ans. La plupart arrivent par voie terrestre à travers les Balkans, mais beaucoup traversent la Méditerranée dans des bateaux qui ne sont pas en état de naviguer.

Environ 79 140 tentatives d’entrée ont été faites par la mer Méditerranée centrale. La plupart venaient du Bangladesh, de Tunisie et d’Égypte et il est peu probable qu’ils soient autorisés à rester car ils ne fuient pas les conflits ou les persécutions.

Le nombre d’arrivées éclipse celui enregistré dans des pays comme la Turquie, la Jordanie et le Liban et devrait être gérable dans un bloc relativement riche qui abrite 450 millions de citoyens, mais les milliers d’arrivées par bateau ont déclenché l’une des plus grandes crises politiques de l’UE.

Pendant des années, les pays membres se sont disputés pour savoir qui devrait assumer la responsabilité de ceux qui arrivent et si les pays partenaires devraient être obligés d’aider. Incapables de s’entendre, eux et la commission ont cherché à externaliser le problème en concluant des accords avec des pays d’Afrique du Nord comme la Libye troublée que les gens transitent ou quittent pour se rendre en Europe.

Les pays de l’UE et la Commission ont également rejeté toute tentative de mettre en place une mission concertée de recherche et de sauvetage pour faire face au problème, arguant qu’un tel programme ne ferait qu’inciter davantage de personnes à venir. Ils ont même intenté une action en justice contre des groupes d’aide essayant de sauver des vies.

« Sans aucune preuve, certains gouvernements accusent ces ONG de complicité avec des trafiquants d’êtres humains. Au contraire, c’est l’Union et ses États membres qui financent un système prédateur et meurtrier », a déclaré le coprésident du groupe politique des Verts au Parlement européen, Philippe Lamberts.

« En donnant les clés de notre politique migratoire et d’asile à des pays comme la Libye, nous nous rendons complices de violences, de tortures, de viols et de rançons. La Libye est un État en faillite. Et ces soi-disant garde-côtes sont des gangs armés en uniforme payés par l’Union européenne », a-t-il déclaré.

Mais dans le cadre d’un “plan d’action” de la commission préparé pour les pourparlers d’urgence de vendredi, les ministres examineront les moyens de renforcer la capacité de la Libye, de la Tunisie et de l’Egypte “à développer conjointement des actions ciblées pour empêcher les départs irréguliers” et à resserrer leurs frontières.

La plus haute responsable des migrations de l’UE, Ylva Johansson, a déclaré que les défis pour l’Europe sont immenses.

“Le temps file. Nous devons commencer les vraies négociations maintenant », a-t-elle déclaré. « La migration n’est pas une menace. La migration est quelque chose dont nous avons besoin. Mais nous devons gérer la migration, et nous devons accueillir les gens (par) des voies légales. Mais nous devons prévenir les arrivées irrégulières et les risques de mort. »

Reportage supplémentaire de Maria Ortega

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