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L’Italien Meloni veut profiter de la “faiblesse allemande” pour séduire l’UE lors de sa première visite à l’étranger à Bruxelles.

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La visite de jeudi à Bruxelles sera le premier déplacement à l’étranger de Mme Meloni depuis sa nomination à la tête de l’Italie.

Pour certains, elle fait entrer le cheval de Troie de l’extrême droite dans les murs de l’UE, au moment où le bloc est confronté à des crises sur de nombreux fronts. Pour d’autres, il s’agit d’un cas d’application par l’UE du dicton : gardez vos amis proches mais vos ennemis encore plus proches.

Lors d’un récent discours en plénière sur les poussées d’extrême droite de la Suède à l’Espagne et de l’Allemagne à l’Italie, le président du groupe des socialistes et démocrates, Iraxte García Pérez, a lancé un avertissement : “Le problème est que les populismes d’extrême droite sapent les institutions, utilisent la démocratie pour affaiblir les libertés et les droits. Quand ils entrent dans les institutions, ils les utilisent pour leurs intérêts.”

“Je compte sur une coopération constructive avec le nouveau gouvernement sur les défis que nous devons relever ensemble et je m’en réjouis”, a déclaré Mme von der Leyen après la nomination de Meloni.

En Allemagne, la décision de Mme Meloni de se rendre à Bruxelles est perçue comme une tentative “d’utiliser la faiblesse de l’Allemagne dans l’UE”.

Le président français Macron reçoit le chancelier allemand Scholz

Le quotidien allemand Welt affirme que la dirigeante italienne s’aligne aussi stratégiquement sur le président français Emmanuel Macron, à un moment où les relations franco-allemandes souffrent particulièrement.

Ils ont écrit : “Ce qui est particulièrement intéressant, c’est que Meloni s’aligne sur le président français Emmanuel Macron sur les questions de politique fiscale. Si elle est habile, elle pourrait s’allier avec lui pour faire passer ses intérêts. Pour le moment, trouver des alliances contre les intérêts allemands est favorable : les relations entre la France et l’Allemagne sont actuellement au plus bas.

“Les autres pays de l’UE sont également agacés par le fait que Berlin s’occupe toujours d’abord de lui-même avant de prendre en compte les intérêts du reste de l’UE. En outre, la position allemande est actuellement plus faible que d’habitude. Normalement, l’Allemagne se considère comme le parangon de l’UE, mais elle doit maintenant admettre qu’elle a commis des erreurs. Tout d’abord, elle est trop dépendante du gaz russe. De ce fait, l’Allemagne dépend de la bonne volonté de ses voisins de l’UE pour partager leur gaz. De bonnes conditions, donc, pour affaiblir la domination allemande dans l’UE.”

Mais même si Mme Meloni s’est efforcée d’adoucir les contours de la rhétorique d’extrême-droite des Frères d’Italie, il a été facile de remettre beaucoup de choses en question.

La veille de sa visite, son gouvernement a dû défendre un décret interdisant les rave-parties contre les critiques selon lesquelles il pourrait être utilisé pour réprimer les protestations, alors qu’il n’a pris aucune mesure contre une marche néofasciste vers la crypte du dictateur italien assassiné Benito Mussolini.

Mme Meloni a été poursuivie par des critiques qui affirment qu’elle n’a pas condamné le fascisme sans ambiguïté. Frères d’Italie, qu’elle a cofondé en 2012, a ses racines dans un parti d’extrême droite fondé par des nostalgiques de Mussolini. Elle a rétorqué qu’elle n’a “jamais ressenti de sympathie ou de proximité pour aucun régime non démocratique, y compris le fascisme.”

En ce qui concerne l’Union européenne, on s’attend à ce qu’elle critique le bloc comme s’ingérant trop dans les affaires nationales, que ce soit sur les droits des LGBTQ, sur l’économie avec des règles uniformes ou sur l’immigration.

Des critiques similaires ont été entendues en Pologne et en Hongrie et l’on craint que l’UE ne soit de plus en plus affaiblie de l’intérieur, notamment en ce qui concerne l’État de droit et les normes démocratiques. Pendant des années, le Premier ministre hongrois Viktor Orban, un partisan avoué de l'”illibéralisme”, a fait de plus en plus d’obstruction dans une UE où de nombreuses décisions importantes doivent être prises à l’unanimité.

Mme Meloni s’est entretenue avec le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki mercredi en fin de journée et ils ont fait part de leur volonté de travailler ensemble pour “assurer une plus grande efficacité” au sein de l’UE, a indiqué son bureau. C’est un langage facilement interprété comme une opposition interne.

Mme Meloni a toutefois souligné qu’elle ne voulait pas torpiller l’Union européenne, dont le traité fondateur a été signé à Rome en 1957.

Reportage supplémentaire de Monika Pallenberg

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