Home » MONDE » La crise nucléaire de l’UE éclate alors que les prix de l’électricité en Allemagne augmentent de 10 % après la fermeture des centrales françaises.

La crise nucléaire de l’UE éclate alors que les prix de l’électricité en Allemagne augmentent de 10 % après la fermeture des centrales françaises.

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Les quatre réacteurs nucléaires d’EDF dont l’entreprise énergétique a été contrainte d’arrêter ou de prolonger l’arrêt représentent près de 10 % de la capacité nucléaire française.

L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a déclaré qu’EDF l’avait informée que l’entreprise avait détecté des fissures dues à la corrosion sur les tuyaux d’un réacteur de la centrale de Civaux, dans l’ouest de la France.

Elle a déclaré qu’EDF, qui a prolongé l’arrêt de sa centrale de Civaux en conséquence et a également arrêté la centrale de Chooz dans l’est de la France car elle utilise la même technologie, enquêtait pour déterminer la cause des défauts.

L’organisme de surveillance suivra de près l’examen d’EDF, a-t-il déclaré.

Par ailleurs, l’Institut français de radioprotection et de sûreté nucléaire, un autre organisme public, a déclaré que des contrôles sur d’autres réacteurs d’EDF seraient probablement nécessaires.

Ce revers intervient alors que la France prévoit un important programme de construction de centrales nucléaires, s’écartant ainsi de son voisin allemand qui s’est retiré de l’énergie nucléaire après la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon en 2011.

Le plus grand fournisseur d’électricité de France a déclaré tard mercredi que des défauts avaient été détectés près des soudures sur les tuyaux du circuit du système d’injection de sécurité dans les deux réacteurs de Civaux.

Il a déclaré que l’arrêt des réacteurs de Civaux et de Chooz entraînerait une perte d’environ 1 térawattheure d’ici la fin de 2021.

En conséquence, elle a réduit son estimation des bénéfices de base (EBITDA) à une fourchette de 17,5 à 18 milliards d’euros, contre un objectif précédent de plus de 17,7 milliards d’euros, sur la base des prix actuels du marché.

JPMorgan Cazenove a déclaré que l’impact était susceptible de se prolonger l’année prochaine.

Il a déclaré que la compagnie française pourrait avoir besoin de dépenser environ 2 à 3 milliards d’euros en 2022 pour racheter une partie de son électricité afin de couvrir les pannes des réacteurs nucléaires, à un moment où les prix de l’électricité atteignent des sommets.

Son rapport indique : “Ces estimations correspondent au pire des scénarios, or cela est très matériel”.

Les analystes de Jefferies ont déclaré que les nouvelles prévisions de bénéfices de base pour 2021 étaient inférieures de 3,5 % au consensus.

Les actions d’EDF étaient en baisse de 12,3 % à 1028 GMT jeudi.

Cette baisse intervient alors que les pays de l’Union européenne sont en désaccord avant un sommet jeudi sur la question de savoir si le bloc doit qualifier l’énergie nucléaire d’investissement respectueux du climat, les dirigeants attendant une décision de Bruxelles sur le sujet.

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La Commission européenne envisage d’inclure le nucléaire et le gaz naturel dans sa “taxonomie de la finance durable”, un règlement qui limitera les activités pouvant être qualifiées d’investissements respectueux du climat.

Le chancelier autrichien Karl Nehammer a déclaré : “Nous sommes contre un écoblanchiment de l’énergie nucléaire… Nous avons des alliés, dont le Luxembourg, mais bien sûr aussi de puissants opposants qui sont des partisans de l’énergie nucléaire.”

Soutenant les appels du président français Emmanuel Macron à classer l’énergie nucléaire comme verte, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a déclaré : “La Pologne soutient très fermement la possibilité de financer des investissements dans le gaz et dans l’énergie nucléaire”.

“D’autres ont des doutes à ce sujet et la Pologne l’appelle clairement de ses vœux et je le dirai avec force aujourd’hui pour que cela soit adopté dans les conclusions.”

La Commission a déclaré qu’elle avait l’intention de prendre une décision ce mois-ci sur l’étiquetage écologique du nucléaire et du gaz, mais elle a eu du mal à résoudre les conflits internes entre les pays de l’Union, dont la France et l’Allemagne, qui sont divisés sur ces combustibles.

La France, qui tire environ 70 % de son électricité de l’énergie nucléaire, est l’un de ses plus fervents partisans et affirme que les faibles émissions de CO2 de ce combustible le rendent essentiel dans la transition vers l’énergie verte.

L’Allemagne fait partie des pays qui s’y opposent et elle abandonne progressivement ses propres réacteurs nucléaires.

Le gaz divise également, les pays étant divisés entre ceux qui disent qu’il est nécessaire pour les aider à abandonner le charbon plus polluant, et ceux qui disent qu’étiqueter un combustible fossile comme un investissement vert n’est pas crédible.

La Commission a d’abord proposé ses règles de taxonomie en novembre 2020, mais a retardé une décision sur le gaz après un lobbying intense des pays et de l’industrie, et a déclaré qu’elle avait besoin de plus de temps pour recueillir les avis des experts sur l’impact environnemental des déchets nucléaires.

La taxonomie n’interdit pas les investissements dans des activités non labellisées “vertes”. Mais en limitant le label “vert” aux activités jugées réellement respectueuses du climat, l’UE vise à orienter les fonds vers des projets à faible intensité de carbone et à empêcher les entreprises ou les investisseurs de faire des déclarations environnementales non fondées.

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